Retrouvailles
Les derniers miles sont interminables. Depuis deux jours le vent à pris ses RTT, sans préavis. Notre super moyenne chute irrémédiablement, notre record de traversée ne restera pas bien longtemps en haut des tablettes.
Alors pour nous consoler, la petite "Esperanza De Panama" vient nous tenir compagnie et nous signifier que la terre approche. Elle est épuisée depuis son départ du nid familiale après une dispute inutile sans doute. Nous lui donnons un peu d'amour mais rien ne remplace celui d'une mère.
Pour nous occuper une dernière pêche se présente à nous. Une jolie dorade Coryphène s'invite à notre dernier déjeuner à bord. Pour honorer son sacrifice, notre chef *** David se fait un plaisir de la magnifier avec sa célèbre recette réputée dans tout le pacifique "La sauce vanille au lait de coco sans lait de coco". Un délice apprécié des plus grand critiques gastronomiques qui lancent parfois un bémol du style "Recette raffinée mais le parfum de coco est un peu trop discret".
Notre déjeuner est alors interrompu par notre vigie, qui du haut du mat, nous crie à tue tête "Terre, terre, terre, les gogos, les gaulois !!! " sans doute trop influencé par certaines bandes dessinées. Nous lui pardonnons, la haut le soleil est intraitable avec ses pauvres neurones, qui de plus ne sont pas nombreux.
Les côtes Panaméennes se dévoilent lentement. D'intenses émotions bousculent la quiétude du bord. Le capitaine et son équipage fiers de leur aventure n'ont qu'une hâte, celui de de croiser les sourires de ceux qui les attendent avec impatience. Mais il reste l'épreuve finale du dernier slalom à travers les cargos qui attendent leur passage dans le canal. Il ne faut pas avoir le vertige certain mesurant 400 mètres de long sur 45 mètres de large et 78 mètres de haut avec la bagatelle de 23.000 conteneurs. Dans l'un d'entre eux, la dernière paire de Nike commandée sur Amazon. Mode oblige, il faut le dernier modèle, celui qui fera pâlir de jalousie le voisin de la salle de sport ou l'on peaufine abdos et par la même égo. Pour notre part, nous venons de passer 54 jours nu-pieds....
Mais là devant nous l'entrée de la zone du canal de Panama, un petit coup de barre à tribord, encore deux miles nautiques. Les battements de mon coeur dissimulent ceux du moteur, la marina de Shelton Bay se profile dans le flou des larmes qui envahissent mon horizon, celui du bonheur des retrouvailles.
Mon dieu , impossible pour moi de décrire le lien qui m'uni à celle qui m'attend là sur le ponton. Les images sont parfois plus évidentes.
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